20.7.06

Mythes et histoire I

Mon Roi aux cieux réside, en terre aussi !
Par Tudel Ivinenn.

Août, fête du roi, fête de la terre,
Août fête du blé - fête de royauté !
Abondance, fête la générosité !

N ‘en déplaise à nombre de nos frères, qui malgré le temps, ne se disent pas "sans dieu", c’est bien à travers la Voie Christique que nous nous relions à notre tradition !
Les noms de nos Saints n’ont pas seulement recouvert, comme par subterfuge, le nom des anciens dieux, ils s’y sont substitués, comme en un autre langage, tout en désignant les mêmes réalités supérieures de l’Être. Ces réalités ont pu, selon le génie propre de la tradition "nouvelle", se retrouver regroupés de façon similaire, ou non ! C’est-à-dire que l’état symbolisé par tel Saint a pu, ou non, recouper précisément celui d’une divinité.
La rupture se situe à ce niveau et uniquement à celui-ci. Rupture qui put, à l’évidence, entraîner des bouleversements sociaux divers. Néanmoins, le fait est là, le saint, le moine, l’ascète, remplace auprès du roi le druide, alors que le barde demeure dans la fonction qui fut la sienne. Le dynamisme de la tradition pérenne se trouve bien là, et non dans un retour, vide de substance, sorte de parodie d’un éternel retour qui n’est lui même qu’un leurre moderniste. La Royauté s’en est allé, elle a fait retour au Principe. Rien ne reviens avant d’avoir fait retour au Principe, là est le seul retour et rien ne reviens deux fois dans le même état. Le Principe de la Royauté, c’est-à-dire la Souveraineté, est quant à lui immuable, que son incarnation soit ou ne soit pas pleinement actualisée ne change rien à l’affaire. Pour les chrétiens bretons de tradition il est nécessaire, pour maintenir le lien avec Notre Souveraine, d’accomplir la procession de la Troménie. Il y a dans ce rite tout ce qui sous tend notre doctrine, tout ce qui fonde la justification de cet organe d’expression poétique, tout ce qui fait que notre action n’est pas le simple jeu mental, plus ou moins farfelu, de quelques "agités du bocal" !
Nos ducs, légitimes successeurs des Rois de Cornouailles, avaient droits sur les terres du minihi de Saint Ronan (c’est-à-dire de son "immunité", le territoire qui entourait primitivement son ermitage et qu’il délimitait régulièrement en en faisant le tour tout en sonnant sa cloche) et le lieu, et la personne du Saint, étaient encore assez importants pour que jusques aux temps de la duchesse Anne ils vinrent prier Ronan de les faire prospérer en fruict et en lignée. Ainsi fut donc conservé le lien, antique, entre le sommet saint (menez Lokorn), la forêt sacrée (Nevet) et la Souveraineté. Le Christ n’est pas venu pour abolir mais pour accomplir ! Que faut-il encore le rappeler ?
" Le christianisme a épousé en douceur ces cultures qui lui avaient préexisté, et il les a ouvertes, il leur a donné une perspective universelle sans toucher à leur substance même ", affirme Donatien Laurent, directeur de recherche au Centre de Recherches bretonnes et celtiques de Brest. Preuve que, parfois, un universitaire peut mieux analyser la réalité qu’un "spiritualiste", le problème demeure, néanmoins, de savoir à quoi peut bien mener l’analyse du premier, toutefois, où qu’elle le mène la Vérité s’en tire mieux.
Et nous rejoignons directement ici ce que nous cherchons nous-mêmes à exprimer à travers nos circonvolutions verbales : le Vrai Roi demeure ici et Ailleurs, Il est avant tout Roi de l’Autre Monde (qui n’est pas l’Au-Delà) et, par conséquent Roi de ce monde divisé lui-même en multitudes de Royaumes (qui ne sont pourtant que des reflets du Seul Royaume)… Ainsi, le christianisme a épousé nos antiques cultures ! Oui, il s’agit bien d’épousailles, voilà ce qui échappe entièrement à l’entendement de quelques uns ! Ce qui n’est pas pour nous surprendre puisque pour entendre ce que le Logos, le Verbe de l’Intellect, Roi et Prêtre perpétuel de toutes les formes traditionnelles, il faut, disions-nous pour entendre ce qu’Il dit, avoir des oreilles, c’est-à-dire des portes labyrinthiques ouvertes à la Vibration Eternelle du Liber Mundi.
Le Principe de toute royauté demeure, dans toute sa stabilité et immutabilité, au Ciel ; mais, nulle royauté ne peut perdurer si le Principe ne s’incarne en elle et, incarnation il n’y aura sans chair. Cette chair c’est la terre et la culture qu’elle porte.
Pour notre très bonne et véridique terre bretonne il n’y eut jamais, historiquement, de Roi unique mais peut importe car avant toute choses la réalité royale se meut dans l’Autre Monde, dans ce non-où, dans cet auto-espace, elle informe les dominateurs. Au sens le plus strict elle REGIT les royaumes puisque chaque Roi est en définitive l’image, seule orthodoxe dans son domaine propre, du Roi des Rois. Ainsi nous pourrions écrire que nos très bonnes et véridiques terres bretonnes connurent la Félicité Royale, seule domination terrestre traditionnellement orthodoxe. Nos Rois furent donc les multiples rayons émanant d’un Centre Unique et Sublime.
Le lien avec la terre en tant qu’image-réalité du pôle féminin du divin est essentiel puisque la terre est à la fois l’origine et le gage de la pérennité du règne. Cela en vertu précisément de cet indéfectible lien. Indéfectible certes car il ne peut absolument pas ne pas être mais non imposé. Il doit être reconnu et accepté en toute connaissance et liberté. Contrairement à une idée moderne fort répandue il n’y a nulle contrainte du côté de Dieu ! Souvenons-nous que : Deus Noster ignis consumens est ! A-t-on jamais vu le feu contraindre un homme à se brûler ? La réalité de ce dont nous parlons c’est celle de la Souveraineté celtique autant que de la Sagesse de David et Salomon. Cette magnifique et grandiose Majesté (qui donna d’ailleurs son titre aux rois eux-mêmes par une identification initiatique) est la cause des tourments, des guerres, des luttes mais aussi leurs remèdes, qui conduit les Seigneurs à la guerre et qui leur inspire des poèmes d’une réalité plus intense que l’histoire.
Heureuse les épousailles des traditions millénaires en nos saintes terres bretonnes, heureuse Unité qui resplendit dans les Rois, fussent ils absents, ou en terre précisément, leur Vérité aux Ciel demeure éternellement !

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